Huebergass: de nouvelles voies pour la
construction de logements coopératifs

Une réponse innovante à un problème sociopolitiqueTout avait commencé en 2016 avec le concours d’investisseurs et de projets de la ville de Berne. Pour un futur lotissement sur le site de la Mutachstrasse, les initiateurs cherchaient un prestataire global dont la proposition de projet tenait plus particulièrement compte, outre les aspects urbanistiques, architecturaux et fonctionnels, des thèmes de la durabilité, de la mixité sociale et de la construction de logements locatifs à prix modéré. Le concours faisait ainsi écho à l’aggravation de la situation dans les centres-villes suisses, où se loger est devenu inabordable pour de nombreux groupes de population, notamment les familles ou les personnes âgées, et où la diversité socioculturelle est menacée de disparition.  

Avec Halter SA comme initiateur, nous avons fondé la coopérative d’habitation «Wir sind Stadtgarten» et soumis une contribution avec le projet Huebergass, qui insistait tout particulièrement sur les thèmes suivants :

• La construction de logements locatifs à prix modéré est possible.
• Les familles nombreuses ont accès à un espace de vie abordable, à savoir CHF 200.– par pièce.
• Des espaces communs et le room-sharing permettent de compléter les espaces privés de manière flexible.
• Des espaces extérieurs structurés offrent de la place pour la sphère privée mais aussi pour des moments de convivialité entre voisins.
• Chaque résident·e peut contribuer à forger l’identité et la culture du lotissement – à l’intérieur comme à l’extérieur.
• Un habitat compact et flexible.

Notre concept global a été désigné vainqueur du concours et nous avons pu prouver, au cours des années qui ont suivi, que le secteur privé pouvait apporter des solutions convaincantes à un problème initialement réservé aux coopératives traditionnelles.

Des logements abordables qui favorisent la mixité et la communauté
Il suffit de se promener aujourd’hui, environ cinq ans après le concours, sur le site de la Huebergass presque achevée pour constater que la diversité de l’offre de logements encourage ici bel et bien la cohabitation communautaire entre des personnes d’horizons différents et confrontées à des situations de vie très variées. Les appartements familiaux sont complétés par des ateliers d’habitation ainsi que des appartements groupés pour des concepts d’habitat expérimentaux, tels que des communautés familiales, de personnes âgées ou de colocataires, p. ex. pour des femmes seules avec enfants. Avec une moyenne de CHF 179.–/m2 de surface locative nette, les loyers sont imbattables pour une construction neuve en plein centre-ville de Berne. Sous réserve de directives d’attribution strictes, plusieurs appartements de 5,5 pièces peuvent en outre être loués pour seulement CHF 1100.–/mois. Malgré les prix modérés, les appartements sont équipés de matériaux certes simples, mais de bonne qualité. Une importance particulière a été accordée à la luminosité des pièces et aux espaces de rangement ainsi qu’à la cuisine, ce qui permet un concept d’espace idéal.

La Huebergasse comme axe gravitationnel
Les espaces extérieurs privés sont tous orientés vers un point de gravité social, la Huebergasse, permettant ainsi aux enfants de jouer sous surveillance ou aux voisins de bavarder. On devine aisément que le thème de la communauté occupe ici une place importante: des espaces communs et des pièces «joker» (appartements entièrement équipés pour les visiteurs) sont situés au rez-de-chaussée. Par ailleurs, le Huebercafé et sa salle de quartier, un dépôt de quartier et une crèche viennent compléter l’offre. Une application pour les locataires permet aux membres de la coopérative de coordonner leur vie commune, que ce soit pour réserver et payer des places de parking ou des appartements pour des visiteurs.

La mixité ne relève pas du hasard
Mais qui s’installera ici dans quelques mois? Les logements ont été attribués conformément aux principes stricts de l’OFL en matière de revenus, de fortune et d’occupation. Afin de satisfaire aux exigences sociales du projet, nous avons pris en compte pour les sélections un certain nombre de paramètres tels que les logement intergénérationnels, le contexte migratoire, le lieu de résidence actuel et les appartements familiaux. Dans un but de réintégration, nous attribuons en outre 10% des logements à des personnes dont le passé difficile rend la recherche d’un logement plus compliquée. Elles sont encadrées par des institutions spécialisées telles que la coopérative du Schlossgarten Riggisberg, Wohnsinn Bern AG, IGS, SORA, la Croix-Rouge suisse, entre autres, et se voient confier des tâches au sein du lotissement en vue de leur réinsertion souhaitée.

La Huebergass: l’habitat coopératif de demain
Lorsque les membres de la coopérative emménageront dans leurs logements au début de l’été, le projet Huebergass entamera sa prochaine étape décisive. À compter de la mi-2021, la coopérative de locataires remplacera progressivement le comité en place dans sa fonction actuelle. En effet, les futurs résident·e·s ne sont pas seulement des locataires: en tant que membres de la coopérative, ils doivent déterminer eux-mêmes la cohabitation au sein de la communauté et s’approprier pour ainsi dire le lotissement. Les membres actuels du comité familiarisent d’ores et déjà les futurs résident·e·s avec les thèmes essentiels de la coopérative. Toutefois, c’est surtout la jardinerie coopérative, une institution qui fait office d’interface entre le lotissement et le quartier sur le plan social, qui les soutient sur le chemin de la responsabilité propre. 

Le remplacement progressif du comité constitue le dernier grand jalon de notre projet et ouvre la voie, à titre de référence, à d’autres immeubles d’habitation coopératifs de «Wir sind Stadtgarten» dans toute la Suisse. Il s’avère que même dans des régions moins urbaines, des besoins existent. Ainsi, un projet comparable est par exemple en cours de réalisation à Zumikon, dont l’objectif est de créer des logements pour de jeunes familles.

Avec la Huebergass, nous avons prouvé qu’il est possible de construire des logements à prix modéré, qu’une communauté peut se développer grâce à un service de coordination tel que la jardinerie coopérative, que les sujets d’intégration ont toute leur place dans le cadre du développement normal d’un projet, qu’il est possible d’attribuer des logements à prix modéré aux bonnes personnes et que le dévouement des développeurs du projet est déterminant pour le succès d’un lotissement.

Le comité
Simone Mülchi, Slavica Vranjkovic, Deborah Eggel, Raphael Burkhalter und Herbert Zaugg

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